Auteur :
Katja Millay
Prix :
17,50E
Edition :
Fleuve noir (collection : Territoire)
|
Résumé
Je m’appelle Nastya.
VoilĂ 452 jours que je
ne parle plus. A personne.
Depuis que quelqu’un
m’a volé ma vie et ma seule passion.
Dans mon nouveau lycée,
personne ne sait qui je suis et tout le monde me fuit.
Sauf Josh Bennet.
Il est toujours seul
comme moi.
Un jour, il me parle.
Et ma vie change.
Encore une fois…
Mon avis
VoilĂ
un véritable coup de cœur, le premier de l’année 2014. Je ne m’attendais
absolument pas à ça de la part de ce livre. Au vu du titre et du résumé, je
croyais que ça allait être pathétique à souhait mais j’avais tout de même envie
de le lire (parfois ma curiosité est utile ^^) déjà parce que le cadre se déroule
au lycée (cadre que j’adore, soit dit en passant) et que cette fois-ci on ne va
pas s’intéresser au groupe des « populaires » mais plutôt à celui des
« parias ». J’ai été agréablement surprise en découvrant que
l’auteure ne fait pas les séparations habituelles et mélange ces deux groupes.
Ce qui pour moi est à la fois plus réaliste mais paradoxalement, idéaliste.
Bref, le principal c’est que ça change du récit purement américain qui divise
les élèves selon des modèles stéréotypés. Deuxième point fort ? Les points
de vue qui créent une véritable dynamique dans le roman, sans eux, je pense que
l’on se serait ennuyé. Nous connaissons donc les pensées des deux protagonistes
: Josh et Nastya. Celle-ci est nouvelle dans le lycée et est bien mystérieuse
car elle ne parle pas et s’habille de façon vulgaire. C’est, paradoxalement,
une héroïne qui n’a pas la langue dans sa poche et que j’ai beaucoup appréciée
car même si ce qu’il lui est arrivé est dramatique, elle ne se plaint jamais.
La seule marque de sa souffrance est son mutisme. Quant à Josh, c’est le
meilleur ami du mec populaire du lycée, Drew, mais il ne veut parler à personne
et tout le monde l’évite tout en le respectant. Vous voyez ? On est loin
du clivage traditionnel des lycées américains où les parias sont martyrisés par
les populaires. Son drame à lui, c’est que toute sa famille est morte ;
aussi il préfère ne pas s’attacher pour simplifier les choses : pas de
pleurs, ni de deuils Ă faire. Ces deux asociaux vont donc se rencontrer bien
qu’ils n’aient que le cours de menuiserie et Drew en commun. Car oui, malgré
les apparences et leurs différences évidentes, Nastya va devenir l’amie de Drew
et c’est grâce à cette amitié qu’une histoire secondaire prend vie. Bien que
classique, elle était excellente et m’a tenue en haleine jusqu’au bout et a
permis de ne pas créer un huis-clos trop oppressant entre les deux
protagonistes. Tous les deux, Drew et son histoire, étaient nécessaires pour
alléger l’ambiance.
Ce
qui est fascinant dans ce livre, c’est que Millay écrit tellement bien que
parfois, j’avais l’impression que c’était moi qui avait fait vœu de silence et
je parlais pour m’assurer que mes lèvres n’étaient pas scellées. Etonnant
non ? Mais rassurez-vous, Nastya parle tout de mĂŞme, mais elle ne
s’adresse qu’à Josh. Le roman n’est donc absolument pas dénué de
dialogues ; c’est juste que l’on devient tellement proche de Nastya que
l’on a l’impression de ne pas pouvoir parler. Tout ça pour vanter l’écriture de
Millay, extrêmement fluide et en même temps, très profonde. Elle n’est pas sans
rappeler celle de Cat Clarke. Le traumatisme de Nastya est également choquant,
et c’est là que l’on voit la force d’écriture de l’auteure car son personnage
va lâcher des indices, et nous, lecteurs nous allons nous faire un film que
Millay va détruire peu à peu pour nous adresser un ultime rebondissement avant
de tirer sa révérence. Quant à la fin, je la trouve magique tout simplement car
c’est un véritable concentré de suspens à tel point que chaque fois que je
finissais un chapitre, j’avais peur que ce ne soit le dernier. Je tournais vite
la page tout en suppliant dieu sait qui que ce ne soit pas fini. La fin est
d’ailleurs si géniale que je me suis dis : « Ok, chapeau bas, tu as finis un livre que paraissait mièvre par
une fin extraordinaire ». J’espère que je vous ai convaincu que ce
livre, qui est classé dans le genre new-adult, n’en était pas car il est bien
plus profond que cela. D’ailleurs, je ne comprends pas ce classement car dans
ce livre, il n’y a aucune scène de sexe, ni même érotique, c’est vraiment une
romance entre deux personnes abimées par la vie.
Extrait
« Mon ange ?
Elle ne répond pas. Je la
suis et la vois ouvrir le congélateur pour y fourrer quatre immenses pots de
glace.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Qu'est-ce que tu crois
? Répond-elle sèchement.
- Heu...t'es enceinte ?
Elle se retourne vers moi
:
- Quoi ?!
Au temps pour moi. Je
lève les bras. Je me rends. Elle est visiblement de mauvaise humeur.
- Désolé, c'est juste...
Je pointe le frigo du
doigt :
- ...ça fait beaucoup de
glace.
- Oui, et la seule raison
selon toi, pour laquelle je voudrais manger des glaces, serait que je suis
enceinte ? Après, tu vas me dire que je dois avoir mes règles parce que c'est
la seule chose qui donne le droit aux filles de se fâcher. Et comme t'es un
mec, tu ne diras sûrement pas « tes règles », mais un truc du genre « tes ragnagnas
» ?
Elle claque la porte du frigo. C'est peut-ĂŞtre le moment de lui
jurer que je ne mentionnerai jamais ses règles en aucune manière, surtout pas
en des termes aussi vulgaires. Mais je trouve plus sage de me taire. »
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