vendredi 6 juin 2014

Ballerines




Couverture de Ballerines
Auteur : Sophie Flack
Prix : 16 E
Edition : Panini Books => Scarlett

Résumé

Hannah Ward, 19 ans, est danseuse dans la prestigieuse école de danse de Manhattan. Elle s’épuise entre les répétitions, les spectacles et ses relations en coulisses relativement compliquées. Mais tout change lorsque Hannah rencontre Jacob. Jusque-là, elle avait toujours respecté la devise de l’école, « ne pense pas, danse », mais Jacob lui ouvre les yeux sur le monde extérieur. Hannah doit alors choisir entre continuer la compétition avec les autres ballerines dans l’espoir de devenir première danseuse, ou changer radicalement d’existence pour enfin vivre.


Mon avis

Après avoir lu Virtuosity de Jessica Martinez (http://lecturesdunenuit.blogspot.fr/2014/06/virtuosity.html), et être charmée par l’univers du classique, j’ai décidé d’aborder celui de la danse classique. Ici aussi, j’ai adoré même si le scénario est toujours le même : choisir entre sa carrière et une vie privée épanouie.

Hannah est danseuse dans le corps de ballet de New-York et son objectif est de devenir ballerine, c’est-à-dire, d’obtenir des rôles où elle sera toujours soliste et ne se fondra pas au milieu des autres danseuses. Même si elle fait partie de la prestigieuse école de danse de Manhattan, ce n’est pas  pour autant une ballerine, elle est juste une danseuse de ballet. Et même si elle n’a que 19 ans, elle se consacre à ce rêve depuis qu’elle a 7 ans et ne se laisse aucun répit pour être la première avant que les années ne la rattrape et qu'elle ne puisse plus danser. Mais un soir, elle rencontre un étudiant, Jacob, qui remet toutes ses certitudes en question. Et elle doit, dans le même temps, faire face à la compétition et aux exigences de plus en plus dures à satisfaire de ses profs. Cette confrontation de ces deux univers distincts l’amène à se poser des questions sur elle-même et sur son avenir : de quoi a t elle vraiment envie ? Etre une ballerine et ne jamais se consacrer à autre chose que cela ? Ou abandonner sa passion pour faire connaissance avec la vie que vivent les personnes de son âge ?

Un véritable coup de cÅ“ur m'a saisie lors de ma lecture. J'ai accroché dès la première ligne et je n'ai plus jamais décroché. Je ne suis pas ballerine mais j'ai senti une justesse et un véritable vécu dans l'univers peint. D'ailleurs, l’autobiographie se fait sentir et, par ce biais, la sincérité de l’auteure ce qui donne lieu à un renforcement de l’impression de réalité dans le roman. Franchement, j'ai souffert avec Hannah et plusieurs fois j'ai eu envie de rentrer dans l'histoire et lui venir en aide car son personnage avait pris consistance. Sophie Flack nous montre l'envers du décor d'un univers que l'on sait impitoyable. Casse-Noisette a l'air féerique quand on le regarde depuis son fauteuil, les figures exécutées nous semblent simples et pourtant... Ce que voit le spectateur n'est que le prix de souffrance et d'acharnement. Pourtant, on ne tombe pas dans les clichés de la ballerine anorexique et les excès de pathos. Non, l'ensemble du livre sonne juste pour cette raison : Hannah aime ce qu'elle fait et ne se plaint pas. Pourquoi le ferait-elle ? Elle vit son rêve et est allée plus loin que beaucoup de ses amies. Le problème n'est pas qu'elle n'aime pas la danse, elle grandit et change. La voilà qui se retrouve face à un carrefour de vie et à son avenir.  Elle doit choisir qui elle veut être. Ce thème est peu traité dans la littérature de jeunesse et pourtant fait écho au lecteur. On a tous connu ce moment où on a du prendre LA décision sur notre avenir. Flack réussit donc Ã  parler de notre quotidien, de  notre vécu tout en faisant la peinture d'une héroïne qui devient adulte mais sans nous lasser. Autre atout majeur : l’histoire d’amour n’est pas ce qui prédomine le plus et le quotidien d’Hannah est loin d’être ennuyant tant il est atypique. On ne s’ennuie donc pas un seul instant car on veut savoir si elle obtient la promotion tant attendue ou si elle abandonne la danse ; et le suspens est maintenu jusqu’au bout de l’histoire. La fin, bien que peu satisfaisante pour moi, est tout de même fidèle au livre et à Hannah ; sans compter que la référence à Proust prête à sourire. S’il y a une suite (ce dont je doute), je la lierai avec plaisir tout comme tout autre roman écrit par Flack.



Extrait


« Je soupire. Non, Mattie n'est pas une danseuse-née. Mais elle se donne à fond et elle aime vraiment ce qu'elle fait. Pourquoi n'est-ce pas suffisant ?


J'assiste à presque tout le reste du programme, alors que mon estomac proteste bruyamment parce-que je n'ai pas dîné. Mattie apparaît dans deux autres danses. Apparemment, c'est une des vedettes de la Delancey Dance Academy.


Hélas, elle pourrait bondir jusqu'à atteindre le plafond, ça ne changerait pas le fait qu'elle est petite et boulotte. Personne ne la verrait en danseuse de balais. Jamais elle ne serait acceptée à la Manhattan Ballet Academy .


Mais admettons qu'elle finisse par y entre. Elle passerait chaque instant à se comparer avec les autres filles, celles qui ont ce corps svelte de ballerine, et elle détesterait ses bras trop courts et son torse trop épais. Les professeurs lui conseilleraient de perdre du poids au niveau du ventre et de prier pour que ses membres s'allongent.


Cette enfant joyeuse, lumineuse se sentirait misérable.


Ces pensées m'emplissent d'un sentiment protecteurs envers Mattie, et d'une tristesse diffuse pour la fille que j'ai été. »

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