dimanche 2 avril 2017

La Belle et la Bête



La Belle et la Bête par Martinez
Auteur : Carole MARTINEZ
Illustrateur : Violaine LEROY
 
Prix : 14E
 
Edition : Gallimard Jeunesse




RESUME

«Il y avait jadis une forêt de l'on disait enchantée et où personne n'osait aller. On raconte qu'un soir d'hiver, un cavalier épuisé, surpris par une tempête, s'égara entre nuit et neige. Soudain, les arbres s'écartèrent sur le parc d'un sinistre château.»

Mon avis

Tout d’abord, je tiens à adresser tous mes remerciements aux éditions Gallimard Jeunesse pour ce service de presse.

La réinvention des contes est devenue un phénomène annuel que j’attends chaque année avec impatience. Grands ou petits, on aime toujours autant ces récits à la fois merveilleux mais aussi tragiques et sombres. Et cet album, de par ses dessins et son texte poétique fait totalement honneur à notre vieux La Belle et la Bête tout en lui donnant un souffle nouveau. Je ne veux pas faire de résumé pour ne pas gâcher le plaisir et je vais me contenter de vous parler de l’album.

Si je dois avouer que le conte de Mme de BEAUMONT est loin d’être mon préféré, j’avais quand même la curiosité de voir comment on faire un album sur un récit aussi connu et aussi vieux. Mes aïeux, je n’ai pas été déçue ! Nos auteures ont su renouveler ce titre qui nous capture dès la première page. D’ailleurs, la couverture est sans équivoque : le côté glamour du conte est éliminé et pour laisser place à l’inquiétude avec cette ombre difforme qui surveille par derrière Belle. Aussi, la Bête est vraiment monstrueuse pour faire de cet album un univers original et puissant ; fini la bête masculine et bien dessinée de Disney. Ici, nous avons un monstre mi-gorille, mi-cerf, qui ne se dévoile jamais totalement. Et les couleurs des illustrations ne contribuent pas à nous rassurer : il y a peu de couleurs chaudes tandis que les formes esquissées des décors sont floues pour être d’autant plus menaçantes héritées du cinéma expressionniste allemand. En parallèle de ces illustrations sombres et captivantes, nous avons une voix douce qui s’élève du texte. La poésie est au rendez-vous mais elle est tout aussi inquiétante et à créer un suspens qui s’étire jusqu’à la dernière page. De même, certains éléments sont ajoutés et nous font frissonner même adulte, notamment le carrosse de mouches. Violaine LEROY a su distiller dans ses illustrations la peur et l’angoisse de son héroïne que Carole MARTINEZ a installée dans sa narration. D’autres éléments nous font sourire et gardent le côté cucul du conte : la bête ignore réellement son Humanité et elle ne la découvre qu’au contact de Belle. Aussi, la malédiction traditionnelle est enlevée et nous nous plongeons dans l’esprit de la Bête qui s’étonne de découvrir l’amour. Je ne me souviens plus du conte originel, mais il ne me semble pas que Belle doivent se battre pour rejoindre la Bête. Les auteures suppriment la dualité Homme/animal en montrant une héroïne capable de s’ensauvager et de vivre comme celui dont elle est amoureuse. De plus, Belle ne se distingue pas par sa beauté mais plutôt par son courage. Je crois que c’est la raison pour laquelle cet album est si génial : il arrive à donner une fin féministe au conte le plus misogyne.

En bref

Apprécié
Non-apprécié
-          Un album poétique : tendresse et violence se côtoient.
-          Des dessins à la fois enfantins hantés par une ombre inquiétante
-          Retournement de morale : transformer la Belle et la Bête en conte féministe
 

 

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