Auteur :
Maurice Druon
Plusieurs
éditions très peu chères sont disponibles
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Résumé
Au
début du XIVe siècle s'ouvre, contre les Templiers, le plus vaste procès dont
l'Histoire ait gardé le souvenir. Jacques de Molay, le grand-maître de l'Ordre,
meurt sur le bûcher en lançant sa terrible malédiction contre le roi de France,
le pape et les grands du royaume : « Maudits, tous maudits jusqu'à la treizième génération
de vos races ! ». Dès lors, le malheur s'abat sur la France.
Les quatre derniers Capétiens directs meurent en moins de quinze années : adultères,
meurtres, procès, trahisons ébranlent la dynastie, et mènent à la guerre de
Cent Ans.
Mon avis
Je
n’ai pas pour habitude de faire des chroniques de mes lectures historiques car ce n'est pas l'endroit. En outre, j’ai une
période favorite qui est le Haut Moyen-âge et le tout début de la Renaissance,
aussi, je lis beaucoup de biographies concernant mes petits chouchous et je
dois avouer que c’est assez rébarbatif si l’on n’est pas passionné le sujet. Bref,
tout ça pour dire que ce n’est pas le sujet du blog et que je ne comptais pas
parler de cette lecture mais au vu de la facilité de lecture, j’ai décidé que c’était
le moment. Bien que je ne connaisse que très peu la dynastie capétienne (celle des Valois est plus mon domaine et mon époque), j’ai trouvé que Druon
rendait l’Histoire des rois capétiens tout à fait accessible et compréhensible
même quand on n’y connait strictement rien. Un véritable exploit car les
dynasties sont tellement mélangées entre les mariages consanguins et les noms à
rallonge dans lesquels les prénoms sont les mêmes et dont seuls les titres
permettent de les différencier que l’on se perd très facilement.
En
dépit de mon intérêt pour les Templiers, je ne me suis jamais intéressée à leur
fin car elle les rendait trop humains et ce n’est pas ce que je recherche quand
je fais des recherches sur les croisades. Qui a envie de s’imaginer un super
guerrier mourant à cause d’un procès, enchainé et affamé ? Pas très épique
comme fin… Pourtant, l’histoire débute par une malédiction prononcée par le
Grand Maitre de l’Ordre, Jacques de Molay, lors de son exécution. La raison de
la condamnation des Templiers, pourtant soutiens du pouvoir royal ? Philippe le
Bel fait condamner les Templiers en les accusant d’être des hérétiques mais la
raison officieuse est sa volonté de s’emparer de leur trésor pour renflouer les
caisses du palais. Voilà le contexte alors que le livre débute. Mais, l’œuvre ne
se centre pas uniquement sur Philippe car elle met au centre différents
personnages qui gravitent autour du roi de France :
-
La fille de Philippe, Isabelle, est mariée
au roi d’Angleterre et intrigue depuis Westminster avec son cousin pour faire
tomber ses belles-sœurs qu’elle hait. Robert d’Artois l’y aide car leur mère,
Mahaut, lui a enlevé ses terres, le destituant ainsi de son héritage royal.
-
Blanche, Jeanne et Marguerite sont les victimes
des intrigues des cousins cités plus haut.
Ø Jeanne
et Blanche sont les filles de Mahaut de Bourgogne et sont mariées aux fils de
Philippe le Bel et leur ont permis d’unifier le royaume et, accessoirement, de renflouer les
caisses de la France. L’avantage pour elles ? Celui d’être un jour
reines, ou au moins, de faire partie de sa famille proche.
Ø Marguerite
Navarre, cousine des sœurs, est mariée au dauphin de France et est destinée à
devenir la reine de France.
Si Jeanne
respecte son engagement matrimonial et ne prend pas d’amant, ce n'est pas le cas de sa jeune sœur et
sa cousine, Marguerite. Pourtant, elle les aide à organiser leur
rendez-vous avec leurs amants, écuyers de leurs époux. Si l’on peut comprendre
la raison de Marguerite de prendre amant, celle de Blanche est un véritable
mystère…
-
Enfin, une dernière intrigue d’amour
mais aussi financière se développe grâce à Guccio, neveu du banquier florentin Tolemei qui s'éprend d'une jeune noble désargentée.
La
multiplication de toutes ces intrigues permet de donner une coloration multiple
à l’œuvre qui plait à tout le monde : de la raison d’Etat à la succession,
en passant par une mystérieuse malédiction, les questions de vengeance se
mêlent à celle plus douces des naissances de liaisons amoureuses ou plus amères
du lien conjugal. Druon fait une peinture complète des relations suzerain/vassaux
dans lesquelles rien n’est acquis. Il nous peint des nobles en lutte entre eux
mais aussi contre leur prince et dont le seul but semble être de s’enrichir et
d’obtenir une place de choix à la cour royale, voire même la place royale car même
si les chutes sont nombreuses, la place est vite prise… Un véritable jeu de
chaises musicales, un « game of
thrones » réellement. De plus, Druon montre à merveille les
déchirements du roi qui doit agir avant tout pour le bien du pays et non pour
lui ou sa conscience et qui est prêt à tout pour assurer le bien-être de
son royaume ; Isabelle, elle-aussi, connait les devoirs que le métier de régent
impose et est consciente que cela signifie l’abandon de son propre bonheur .
Pourtant, loin d’être politique et sombre, son œuvre est également humoristique
en montrant des princes franchement idiots qui désolent leur père et en
peignant une société superstitieuse qui prête attention au moindre détail. Les
amateurs de sang seront également satisfaits car il y a des scènes de torture
et les personnages vicieux ne manquent pas. La citation de la photo n’est
absolument pas mensongère : j’ai eu l’impression de lire Game of Throne mais en version véridique
me donnant ainsi des connaissances sur une époque que je connais peu. Peignant
les débuts de la guerre de Cent ans, cette œuvre tout public ne manquera pas de
séduire le plus grand nombre, j’en suis certaine, il ne reste plus qu’une chose
à faire : lui laisser sa chance.
Extrait
« - Le Pape que ns avions fait est maintenant à Dieu,
murmura-t-il en tendant le parchemin à Marigny.
-
Quand a-t-il passé ?
-
Voilà 6 jours francs, répondit Marigny. Ds la nuit du 19 au 20.
-
Un mois après, dit le roi.
-
Oui , Sire, un mois après … dit Nogaret
Ils avaient fait, ensemble, le même calcul. Le 18 mars, au
milieu de la nuit, le gd maître des Templiers leur avait crié : « Pape
Clément, chevalier Guillaume, roi Philippe, avant un an, je vous cite à
paraître au tribunal de Dieu… ». Et voici que le 1er déjà était
mort. […] Le monarque était d’une pâleur impressionnante, et il avait, ds sa
longue robe royale, la raideur glacée des gisants »