|
Auteur : Kiera
CASS
Prix : 18€
Edition : Robert Laffont (collection R)
|
Résumé
UNE FILLE
AU LOURD SECRET.
LE GARÇON
DE SES REVES.
UN OCEAN
LES SEPARE.
Kahlen est une Sirène, vouée à
servir son maître l'Océan en poussant les humains à la noyade. Son arme ? Une
voix fatale pour qui a le malheur de l'entendre... et qui l'oblige à se faire
passer pour muette lorsqu'elle séjourne sur la terre ferme.
Akinli, lui, est un séduisant
jeune homme, qui incarne tout ce dont Kahlen a toujours rêvé.
Alors que leur amour naissant
leur fait courir un grave danger, Kahlen est-elle prête à tout risquer pour
Akinli ?
Mon avis
Tout
d’abord, je tiens à adresser tous mes remerciements aux éditions Robert Laffont
pour ce service de presse.
Je
me souviens à quel point j’avais aimé La
Sélection bien que les tomes trop nombreux aient fini par me lasser. Aussi,
je tenais absolument à lire ce livre et je ne
suis absolument pas déçue ! Déjà, le fait que ce soit des sirènes
m’avait à moitié convaincue mais alors que ce soit un one-shot et aussi mélancolique a fini
de me convaincre.
Kahlen
a 19 ans lors de son naufrage et fait un pacte avec l’Océan pour rester en
vie : elle le servira pendant 100 ans avant de retourner à sa vie
terrestre totalement amnésique. Quand on nous propose ça ou la mort, on accepte
mais 80 ans plus tard, Kahlen compte les années qui la sépare de sa liberté. Et
elle devient d’autant plus pressée lorsqu’elle rencontre Akinli… Mais elle a
promis un siècle de servitude à l’Océan et celui-ci ne compte pas y renoncer de
si tôt.
Honnêtement,
je m’attendais à une lecture bien plus niaise mais CASS ne tombe pas dans le
piège et transforme la niaiserie en mélancolie. C’est admirable. La lecture est
toujours teintée d’amertume et nous rappelle Humaine de Rebecca MAIZEL. Là aussi, l’éternité représente une
souffrance et il s’agit plus de lutter contre ce pacte mortifère que de trouver
l’amour. Ce dernier n’est qu’une motivation. Les apparitions d’Akinli sont donc
rares et attendues. Aussi, l’héroïne n’est
pas aussi casse-noix que ce que je craignais ; elle est agaçante mais
touchante. Elle sait s’opposer au destin que l’Océan veut lui imposer et on ne
peut s’empêcher de la respecter pour cela. Par ailleurs, la trame est assez
bien conçue et on a plein de références à La
Petite Sirène d’ANDERSEN. Pour les amateurs comme moi, on est vite fan. Le
fait que ce soit un one-shot contribue
également à nous laisser une bonne impression : un peu comme un conte, on
sait qu’il n’y aura pas de suite et on profite donc au maximum de l’intrigue.
Voilà donc pour moi une belle lecture qui me réconcilie avec Kiera CASS !
En bref
Apprécié
|
Non-apprécié
|
-
Les références à Andersen et à son conte de La Petite Sirène
-
Les créatures présentes
-
La volonté de se battre de l’héroine contre son
destin
|
-
Une temporalité floue dans laquelle on se perdait un
peu trop facilement
|
Extraits
« Nous appartenons à l’Océan. Si tu
choisis de venir avec nous, tu Lui appartiendras toi aussi. Tu ne vieilliras
pas, tu ne tomberas jamais malade. Tu resteras telle que tu es pendant les cent
prochaines années. »
Je
m’interromps quelques instants, pour lui laisser le temps de digérer ce
message. Je regrette de n’avoir pas été assez attentive à cette partie du
discours le jour où Marilyn a fait de moi une Sirène.
«
Pendant cette centaine d’années, tu deviendras une sorte d’arme. Ta voix sera
fatale à quiconque l’entendra et tu ne devras le révéler à personne, pour ta
sécurité mais aussi pour la nôtre. Lorsque ce siècle sera écoulé, tu
récupéreras ta voix et ta vie. En attendant, tu te mettras au service de l’Océan.
Tu ne seras jamais seule. Nous veillerons sur toi, et l’Océan aussi.
—
Et ma famille ?
—
Je suis désolée, mais tu ne les reverras plus »
***
Un long voile blanc flotte autour d’elle,
sa robe en dentelle est gorgée d’eau de mer. Elle m’observe, le regard vitreux.
Cela devait être le plus beau jour de sa vie, pas le dernier. Impossible de
dire qui est le jeune marié ; tous les hommes sont habillés de la même façon.
Peut-être a-t-il déjà été englouti par l’Océan.
Soudain, la nausée me gagne. Cette femme avait
trouvé l’amour, tout comme moi. Mais aucune de nous deux n’aura droit à son
happy end. Bouleversée, j’arrête de chanter.
Même si mes sœurs poursuivent leur œuvre, mon
silence brise le sortilège et la mariée, soudain lucide, se débat dans les
flots.
«
Michael ! s’écrie-t-elle. Michael ? » Alors, elle m’implore du regard.
J’aimerais détourner le mien, mais j’ai l’impression que la regarder mourir lui
rendra sa dignité, d’une certaine façon. Des larmes roulent sur mes joues.
«
Pitié », lance-t-elle d’une toute petite voix qui couvre celle de mes sœurs.
Spontanément, j’avance dans sa direction. À
peine le temps d’esquisser quelques pas : Elizabeth me rattrape, me fait
tomber, m’attrape par les cheveux et me foudroie du regard. Je me débats.
«
Lâche-moi !
—
Chante, m’ordonne l’Océan.
—
Chante ! » insiste Elizabeth. Derrière nous, Miaka et Padma persévèrent dans
leur sinistre besogne. « Tu ne vois pas que tu aggraves la situation ? Chante.
Finis ce que tu as commencé ! »
Je
contemple nos victimes. Certaines s’arrachent progressivement à notre emprise.
«
S’il te plaît, Kahlen, m’implore Elizabeth. Tu nous fais toutes courir un grave
danger. »
« Au lieu de lui obéir, j’implore
la clémence de l’Océan. « Sauve-la ! Il y a de la place pour une cinquième Sirène
! »
«
Pas de femmes mariées. Pas de mères. Tu voudrais la condamner à cette vie ? »
Il y a du chagrin dans Sa voix.
Je
me tais. Non. Un siècle de meurtres, c’est mille fois plus cruel que quelques
secondes de terreur.
Je
blottis ma tête au creux de l’épaule d’Elizabeth et je me remets à chanter. La
voix de ma sœur se mêle à la mienne. Je me concentre exclusivement sur Miaka et
Padma, dont les visages trahissent un mélange d’émotions contradictoires :
compassion, déception, colère, méfiance. Nous chantons jusqu’à ce que s’éteigne
le dernier cri, jusqu’à ce que le paquebot sombre au fond de l’Océan. Le
silence est tranchant comme la lame d’un rasoir, beaucoup plus douloureux que
les hurlements des noyés.
Miaka, dans une colère noire, m’attrape par
les épaules et me secoue.
«
Elle aurait pu te tuer ! Elle l’a déjà fait, pour moins que ça ! Qu’est-ce qui
t’est passé par la tête ? Tu as pensé à nous ? »
Je
ne m’attendais pas à cette réaction. Mes sœurs sont censées me comprendre.
Elles seules ont les clefs.
Je
ferme les yeux. « Je suis fatiguée de la mort.
—
Nous sommes toutes fatiguées de la mort », rétorque Elizabeth »
***
« Viens jeter ton cœur dans les
flots
Ton âme se perd, mais elle en sauve
d’autres,
Bois de Mon eau et meurs
Échange ta vie contre mille vies
Viens, bois tout ton soûl
Bois et perds-toi en Moi et accueille la
fin à bras ouverts
Bois et accueille la fin à bras ouverts
Tu fais partie d’un tout
Car tous doivent mourir, tous doivent
périr
Offre-Moi ton corps
Que ta dernière demeure soit l’Océan
Viens et bois tout ton soûl
Bois et perds-toi en Moi
Bois et perds-toi en Moi »