dimanche 9 avril 2017

De feu et de neige



 
Auteur : Anne-Marie POL
 
Prix : 15,95E
 
Edition : Nathan

Résumé

1812, Moscou.

Félicité, jeune Française de 16 ans, vit avec sa mère sous la protection d'une riche famille russe. Malgré leur différence de classe, Félicité est amoureuse de Fédor, le fils de la comtesse. Mais la guerre éclate, Napoléon Ier a décidé d'envahir la Russie. Les Français sont devenus les ennemis des Russes. Félicité n'a d'autre choix que de fuir pour survivre.

Mon avis

Me voilà repartie pour une épopée dans la glaçante Russie. A la différence de Cœur de Loup, nous avons ici un récit historique réaliste inspirés de faits divers réels. En effet, l’auteure a trouvé un journal intime aux puces et l’utilise. Son roman est alors un mélange entre la retranscription du journal et l’invention de l’auteure pour combler les trous.

Félicité est une jeune française dont la mère, marquée par les évènements de la Révolution française, a choisi de se mettre au service d’une comtesse russe. Félicité se sent donc aussi bien russe que française et prévoit déjà de se marier à Fédor. C’est sans compter sur les ravages que cause la campagne russe de Napoléon. Mettant Moscou à feu et à sang, les exilés sont doublement pourchassés : les russes veulent se venger sur les français et les français se moquent de leurs patriotes qu’ils considèrent comme des traitres à la patrie. Félicité doit alors faire face à des enjeux bien plus importants que l’amour de Fédor…

Le premier point que l’on apprécie est le cadre historique : très travaillé et donc très réaliste, on se plonge véritablement dans la Russie (glamour) du XIXe siècle. La bibliographie à la fin du livre témoigne que rien n’est inventé par l’auteure ; et ce travail de recherche se ressent véritablement.  Aussi, on accroche immédiatement avec l’atmosphère du début qui rappelle Guerre et Paix. Bien que le livre soit assez court avec ses 300 pages, il reste dense et vif : les évènements s’enchainent avec fluidité et ne sont pas romancés. Le froid de la Bérézina nous gagne peu à peu, comme il arrive à s’emparer de notre héroïne. De plus, les fragments du journal de Félicité offrent une voix convaincante pour s’élever du récit. Je ne vais pas vous cacher que Félicité tape vite sur le système avec son idolâtrie pour Fédor… Mais, l’élégance de la plume de POL nous fait oublier cela. Car, au-delà de l’histoire de Félicité, POL nous pose une problématique intemporelle : quel est le sort réservé aux exilés ? Et quelle identité ont-ils ? Nous le voyons bien avec les pérégrinations de Félicité même si le récit n’a aucune propagande politique. Il se contente de nous montrer le destin d’une réfugiée qui lutte pour sa survie au milieu de deux nations déchirées ; à nous de nous faire notre propre opinion. L’identification en est renforcée et on ne peut s’empêcher de se demander ce que nous nous aurions fait.  La fin reste aussi juste dans sa tonalité : ni pathétique, ni joyeuse. Elle est simplement saisissante de réalité et nous laisse refermer le journal de Félicité avec un léger sourire aux lèvres, la tête pleine de questions.

En bref

Apprécié
Non-apprécié
-          Une histoire vraie banale dont l’auteure s’est emparée après avoir trouvé un journal intime
-          Une épopée réaliste dans la Russie du XIXe siècle : fuites, sang et larmes sont au rendez-vous
-          Des questions intemporelles : la question de l’identité quand on est d’origine étrangère dans un pays
-          Une fin absolument pas romanesque
-          Une héroïne trop égoïste et centrée sur les problèmes de son fiancé

 

ExtraitS

«  Elle a crié.

Et le son de sa propre voix réveille Félicité.

L’orage ne gronde pas dans le jour qui point, mais un martèlement sourd ébranle le sol ; la maison en tremble.

Des chevaux, comprend la jeune-fille, des chevaux de guerre…

Leurs sabots retentissement sur les planches de bois, des ponts ou des rues, résonnent dans les quelques avenues pavées ou frappent la terre battue des autres voies avec un bruit feutré ; des dizaines, des centaines de chevaux se pressent dans la ville, dirait-on. Le cliquetis de leurs gourmettes tinte comme une insupportable sonnaille ; elle rythme leur piétinement assourdissant, qui, sans cesse renouvelé, ricoche sur les murs des maisons, monte jusqu’au ciel et, multiplié par l’écho, semble n’avoir pas de de fin, tandis que çà et là, roulent les tambours.

Est-ce qu’il arrive ? »

 

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