samedi 2 août 2014

Starcrossed T1




Couverture de Starcrossed, Tome 1 :  Le destin les a unis, les dieux les ont séparés
Auteur : Joséphine Angelini
 
Prix : 19E
 
Editeur : Pocket Jeunesse

Résumé

UN AMOUR écrit dans les étoiles

UNE TRAGÉDIE qui se répète depuis l'Antiquité

UNE MALÉDICTION que même les dieux ne peuvent briser.

« C'était la nuit dans le pays aride. Hélène se mit en route. Elle aperçut quelqu'un, au loin, et pressa le pas. C'était Lucas. Tombé à genoux, il avançait tâtonnant comme un aveugle, se coupant les mains sur les pierres tranchantes. Il avait si peur qu'il n'osait pas se redresser. Hélène comprit qu'il la suppliait de le laisser là. Mais elle savait qu'elle ne devait pas, sinon il ne quitterait jamais le pays aride. Malgré ses pleurs, elle l'obligea à se lever et à marcher."

 

Mon avis

Starcrossed a été un gros coup de cœur à ma première lecture d’il y a deux ou trois ans, je ne sais plus, et depuis ce temps là, j’attends toujours le tome 2 qui, malheureusement, ne sera jamais édité en France, j’en ai peur. Rien d’officiel, hein, mais quand un livre ne sort pas et que les infos sont assez vagues sur la raison du retard, on peut être à peu près sur que la suite ne sera pas éditée. Bref, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai acheté la suite en anglais, le travail n’est jamais mieux fait que par soi-même. Mais vu que mon niveau en anglais n’est pas des plus impressionnants et que les souvenirs de ma lecture étaient assez vagues, j’ai décidé de relire ce tome 1 qui m’a autant enchanté que la première lecture et me voilà encore plus déçue de ne pas avoir de suite VF sous la main. Un cercle vicieux à l’image des Erinyes. « Les Erinyes ?! » vous entends-je  demander de vive voix. Allez, petit résumé…

Hélène habite la petite île de Nantucket où tout le monde connait tout le monde depuis toujours. Mais Hélène ne se sent pas à sa place dans cet univers étriqué du fait de son physique : extrêmement grande, elle a une force herculéenne et se distingue de tout le monde par sa chevelure blonde et son visage d’une grande beauté. Elle est donc facilement le centre de l’attention même si elle fait tout pour ne pas l’être mais dans un petit monde où tous les visages se tournent rapidement vers la personne qui se distingue, il est difficile pour elle de ne pas se faire remarquer. Voilà le quotidien de la douce et timide Hélène jusqu’au jour où arrive la famille Délos qui semblent eux aussi intéresser la population de Nantucket. Pourtant, même si elle est soulagée du fardeau que représentait l’attention de l’ile, elle hait de façon incompréhensible les Délos tant et si bien que lorsqu’elle croise l’un deux, elle tente de le tuer. Et cette haine semble réciproque même s’ils ne se sont jamais croisés. De nombreuses questions se posent donc et les réponses qu’elles apporteront bouleverseront l’existence d’Hélène à jamais. Et pour ces questions, une seule réponse convient : les Erinyes...

Ma deuxième lecture fut aussi rapide que la première car l’écriture d’Angelini est toujours aussi envoutante à l’image de l’univers qu’elle a créé et auquel il est difficile de résister. Cet univers est d’ailleurs très innovant car il met en scène la mythologie grecque et notamment la guerre de Troie mais fait aussi revivre le mythe de l’Atlantide. Les personnages principaux sont tout aussi attachants et travaillés que les secondaires et la fin donne toujours autant envie de connaitre la suite. Quant à l’intrigue, il est pratiquement impossible de deviner de quoi il est question et quelle en sera l’issue. C’est donc une lecture que je recommande vivement et qui change radicalement de tout ce que l’on peut lire, qu’il y soit question de mythologie ou non. La romance mêlée à la tragédie et au fatum contribue à créer un roman qu’il est difficile de lâcher et même d’oublier.

 

Extrait

« Elle posa les pieds au sol et prit appui sur ses jambes. Son pas était hésitant et peu assuré. Ses muscles ne réagissaient pas comme d'habitude, ses articulations étaient enflées. Le temps d'atteindre la chambre de Lucas, elle était en sueur.  Allongé sur le dos, il regardait la lune par la fenêtre. Il tourna la tête et la vit sur le seuil de la portUn silence suivit.

- Salut, chuchota-t-il.

- Salut. Je peux entrer ?

- Oui, mais chut ! Lui conseilla-t-il, désignant Cassandre endormie sur le canapé, dans un coin. Ça fait deux jours qu'elle ne s'est pas reposée...

Hélène s’avança, voûtée comme une vieille femme. Elle ressentait sur ses pieds une tension incontrôlable. Elle se dirigea d’un pas chancelant vers une chaise à coté de son lit.

- Tu ne tiendras pas assise longtemps. Viens là, plutôt, l'invita-t-il en soulevant ses couvertures. Tu seras mieux allongée.

Hélène hésita. Elle avait passé la nuit précédente blottie contre lui. Mais là c'était différent, elle avait le choix. A son sourire, elle comprit qu'il trouvait sa réticence absurde. Elle essaya de s’asseoir le plus doucement possible, mais ses jambes cédèrent d'un coup et elle s'affala à côté de lui.

- Désolée, murmura-t-elle en rabattant les couvertures sur eux.

- C'est bon. Fait juste attention avec tes pieds, j'ai des attelles.

Hélène glissa un regard sous les draps et vit que ses jambes étaient plâtrées.

- Tu vois ? Tu ne risques absolument rein...

Le visage d'Hélène redevint grave.

- Où en es-tu? Tu crois que ça va aller?

Elle s'appuya sur son coude pour lire son expression et démasquer un éventuel mensonge. Même à la faible lueur des rayons de lunes qui filtraient à travers la fenêtre, elle fut frappée par l'intensité de ses yeux bleus.

- Je vais m'en remettre, chuchota-t-il remuant a peine les lèvres.

- Complètement? Est-ce que tu... pourras marcher, courir... et voler, et tout ça?

- Oui, coupa-t-il. Je serais comme neuf d’ici vingt-quatre heures.

Hélène pensa soudain qu'il lui suffisait de se pencher pour l'embrasser. Cela lui parut si naturel -comme si elle devait l'embrasser - qu'elle se pencha légèrement... puis, au dernier moment, elle se ressaisit et se redressa, stupéfaite par son manque de contrôle.

- Couche-toi, Hélène, intima-t-il.

Elle ne se fit pas prier, soulagée de pouvoir cacher sa confusion.

Ils restèrent allongés l'un près de l'autre sans bouger, le cœur battant. Puis Lucas finit par se détendre et prit doucement sa main sous les couvertures. Tout en regardant sa poitrine se soulever et s'abaisser d'une façon familière, elle s'endormit un sourire aux lèvres. […]Hélène se sentait si fatiguée qu'elle avait l’impression d’être collée au matelas, mais ce dernier cri lui fit ouvrir les yeux. Elle vit le visage d'Ariane, de Cassandre et de Noëlle penchés au dessus de son lit -non, pour être exact, au-dessus du lit de Lucas, dans lequel elle se trouvait. Elle tourna la tête vers celui-ci à moitié réveillé. Il affichait une mine renfrognée.

  • Allez-vous disputer ailleurs, marmonna-t-il.
    Il se blottit maladroitement contre Hélène malgré ses plâtres et enfouit son visage dans son cou. Elle lui donna un coup de coude et sourit aux autres autour d'elle. Cassandre paraissait furieuse.
  • Je suis venue voir comment il allait et je n'ai pas réussi à retourner dans mon lit, expliqua Hélène, mortifiée.
    Elle laissa échapper un petit cri quand la main de Lucas remonta le long de sa cuisse pour s'accrocher à sa taille. Elle le sentit se crisper.
  • Ah oui... soupira-t-il, retrouvant sa mémoire. »

jeudi 31 juillet 2014

Le Manuscrit perdu de Jane Austen




Couverture de The Missing Manuscript of Jane Austen
Auteur : Syrie James
 
Edition : Hachette (edition : Black Moon)
 
Prix : 16E
 
 

Résumé

Samantha McDonough mène la vie sans surprise d’une bibliothécaire sans histoire. Un jour, elle fait une surprenante découverte. Un livre, déniché dans une petite librairie, qui va changer sa vie. Car entre ses pages se cache une lettre vieille de deux cents ans. Une lettre signée par l’une des plus grandes romancières anglaises : Jane Austen.

Voilà Samantha lancée sur la piste d’un manuscrit perdu, dans une course contre le temps, qui va la guider tout droit entre les murs d’un manoir magnifique, et entre les bras de son séduisant propriétaire…

 

Mon avis

Voilà une lecture qui promettait d’être intéressante et qui, même si elle était légèrement en dessous de mes attentes, ne fut pas pour autant un repoussoir, bien au contraire ! Car si j’espérais une quête pour trouver le manuscrit perdu, je dois avouer que l’intrigue n’a pas été aussi ennuyante et décevante qu’elle le paraissait au premier abord. Certes, l’héroïne effectue bien des recherches pour trouver le manuscrit mais elles sont vite éclipsées au profit de la véritable intrigue.    

Samantha est passionnée par la littérature et particulièrement par Jane Austen ; sur qui elle a commencé à écrire une thèse. Malheureusement, la maladie de sa mère l’a empêchée de la terminer et elle est donc retournée aux Etats-Unis, son pays natal, afin de l’accompagner dans ses derniers jours. Deux ans ont passés, Samantha est employée dans une bibliothèque, a décidé d’accompagner son compagnon au Royaume-Uni pour s’offrir des vacances. Là-bas, elle renoue avec son passé d’étudiante et flâne dans des petites librairies aux livres anciens ; c’est là qu’elle trouve un recueil de poésie appartenant à Jane Austen ainsi qu’une ébauche de lettre dans laquelle la célèbre écrivaine évoque un manuscrit perdu. Imaginez un peu le ravissement de Samantha, pour qui cette découverte s’apparente à un Graal littéraire, et qui, telle une Indiana Jones de la littérature se plonge dans la recherche de ce manuscrit inconnu. Ses recherches vont la mener jusqu’à un manoir détenu par un charmant anglais qui se prend lui aussi de passion pour la recherche du manuscrit. Leurs recherches vont aboutir et ils vont nous faire la lecture du manuscrit simplement intitulé Les Stanhope.

Rebecca Stanhope appartient à la petite bourgeoisie provinciale et va bientôt devenir une vieille fille ce qu’elle ne regrette absolument pas, heureuse de vivre avec son père, la révérend  William Stanhope, dans la cure d’Elm Grove où il officie. Rebecca est une héroïne très romantique et classique : aimant les promenades dans la campagne et la musique, elle est douce et place l’amour au centre de tout ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle n’est pas mariée. En effet, son père qui regrette affreusement sa défunte femme, lui a appris que le mariage ne doit être fait que si l’amour est le vecteur ressemblant les deux promis. Rebecca, n’ayant pas trouvé quiconque lui inspirant un pareil sentiment, préfère demeurer chez son père en attendant de trouver cet amour et n’est pas pressée car son logis qui lui convient à merveille. De plus, elle déteste tout changement et se marier en représente un de trop grande importance. Pourtant, il va en survenir un qui va l’amener à modifier sa vie entière : le pasteur, souhaitant rendre hommage à sa femme, économise depuis plusieurs années les dons faits à la paroisse afin d’acheter des cloches. Ayant réuni l’argent, il décide de faire le voyage pour les commander et de s’arrêter en chemin dans une auberge où, dit il, on lui dérobe son argent. Cependant, le révérend est connu pour sa passion des cartes, aussi lorsqu’il raconte cela à son employeur, celui-ci décide de le congédier en l’accusant d’avoir joué la somme nécessaire aux cloches. Le voilà lui et sa fille, à la rue sans le moindre argent réduits à compter sur la charité d’autrui. Il se fait donc héberger par sa seconde fille et Rebecca n’a d’autre choix que suivre même elle ne souhaite pas renoncer à la demeure où elle a toujours vécu. Ils voyagent donc et font nombre de connaissances qui lui permettent de confronter ses aspirations et illusions à la réalité, que ce soit la mesquinerie de la société ou le caractère de ceux qu’elle croyait connaitre. Sans compter qu’à travers toutes ces rencontres, il se pourrait qu’elle trouve enfin quelqu’un qui lui corresponde…

Si l’on a du mal à rentrer dans l’histoire des Stanhope, ce n’est que le début et il faut persévérer pour accéder au véritable nœud du roman. Roman, que j’ai apprécié tant parce qu’il mêle deux univers distincts : un du début du XIXe siècle et un du XXIe siècle mais aussi parce que deux intrigues se développent parallèlement et sont toutes deux aussi passionnantes l’une que l’autre. En plus, on peut voir les deux héroïnes se construire au fil du roman et devenir de plus en plus indépendantes et fortes ce qui force l’admiration du lecteur. En outre, j’adore Austen et j’admire le travail fait par Syrie James qui a reprit un brouillon d’Austen pour en faire naitre un roman qui présente des similitudes avec ses œuvres. Ce qui donne lieu à une idée aussi géniale que remarquable. Et même si, je ne vous le cache pas, il ne peut pas égaler une œuvre véritable d’Austen, il n’en demeure pas moins un joli roman historique où les thèmes chers à Austen tels que l’honneur, la gentry et la romance sont présents.

 

Extrait

« - J’avoue que l’histoire me plait. J’aime les personnages. Rebecca est grave et pleine de cran, M. Stanhope est un bon vieux type, le Dr Jack Watkins incarne le héros tout craché… j’espère qu’on va en apprendre davantage à son sujet. Que va-t-il lui arriver ? Qu’est devenue la somme volée ou perdue au jeu ?

  • J’ai hâte de l’apprendre.
    Nos regards se croisèrent.
  • On continue alors ? »