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Auteur :
Christelle Dabos
Prix :
19E
Edition :
Gallimard jeunesse
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Résumé
Fraîchement promue vice-conteuse,
Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les
plafonds dorés de la Citacielle.
Dans cette situation
toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son
énigmatique fiancé ?
Et que signifient les
mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Ophélie se
retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des
illusions du Pôle, au cœur d’une redoutable vérité.
Lauréate du Concours du premier roman
organisé par Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama en 2012,
Christelle Dabos confirme dans ce deuxième livre
un talent hors du commun.
Mon avis
J’attendais,
comme beaucoup de monde, le 2e tome des Fiancés de l’Hiver. Si le T1 a été un coup de cœur, le T2 a été à
la hauteur de son prédécesseur. Une fois encore : toutes mes félicitations ! Voici l’une des
seules séries que sitôt un tome terminé, on n’a qu’une seule envie : la
relire !
Nous
retrouvons une Ophélie déterminée à
se battre contre le grand nord et sa société si traitresse. Promue par Farouk
vice-conteuse, de mystérieuses disparitions ont lieu au sein de la Citacielle
et elles ont toutes un lien entre Thorn et la nouvelle affaire qu’il défend. Gagnant
les faveurs de Farouk et donnant ses pouvoirs à l’intendant le plus détesté,
elle est bien évidemment dans la ligne de mire de tous ses opposants. Encore une
fois, Ophélie doit affronter le Nord et
bien plus encore : entre sa famille
qui veut de plus en plus venir et cette histoire de souvenirs de Farouk, Ophélie se retrouve au centre de la vie de la
Citacielle et aux origines de son monde.
Deux
ans que nous l’attendons mais cela
n’aura pas été en vain. Quel boulot abattu ! Dans ma chronique du T1,
j’avais comparé sa plume à celle de J.K
Rowling. Vous vous souvenez de l’ironie de la plume ? De la magie des mots ? On retrouve l’ironie
très légèrement distillée dans cet univers tellement original et un véritablement enchantement dans cet
univers. Mon ressenti s’est confirmé : le Nord et sa Cour étaient tjs
aussi glaçants, Farouk me rendait toujours aussi mal à l’aise et j’étais
toujours perplexe vis-à-vis de Thorn. Il me fait craquer celui-là :
distant, blond, grand, dangereux, taciturne. Le bad boy mais en beaucoup moins
stéréotypé. Il possède une vraie présence,
une vraie personnalité, et il occupe la majeure partie du livre. Ophélie, quant à elle, est moins naïve : elle a appris à connaitre
le Pôle et à s’en méfier. Elle a oublié son passé insouciant d’animiste et est
devenue une vraie femme de ce Nord si
dangereux. Bon, je dois avouer que ce n’est pas mon personnage
préféré : on l’aura remarqué, je préfère nettement les personnages
masculins ou les féminins très crânes brûlés. Mais même si Ophélie n’est pas
comme ça, elle commence pourtant à étoffer ses griffes et je dois avouer que
j’ai commencé à m’attacher à elle. Non ms regardez moi ! J’en parle comme
d’une personne xD
Quand je vous dis qu’on s’y croit dans ce Pôle et qu’on souhaite
même y aller ! Mais je m’arrête de rendre hommage à la plume de Dabos,
que j’espère ne plus avoir à vanter. Quand on est capable de créer aussi
passionnant que la mère d’Harry Potter,
je considère que tout est dit. Quoi qu’il en soit, si cet univers est imaginé,
il n’en demeure pas moins qu’il prend encore plus de consistance par la force
de combinaison des mots et des images. Car oui, il s’agit d’un beau livre grâce
aux illustrations de Laurent Gapaillard. Parfait
mélange d’intrigues, de grand Nord et de personnages captivants, jetez-vous
dessus. L’hiver rime désormais avec cette
série incontournable et je m’en réjouis !
En bref
Apprécié
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Non-apprécié
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L’ambiance : grand Nord à la cour et roi inquiétants
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Un tome 2 à la hauteur du premier
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Les personnages
Ophélie
devient plus mature et piquante qui ose enfin s’affirmer
Thorn
acquiert une ambigüité et est au centre de l’intrigue
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Extrait
« - Allier
nos forces, ma colombe. Pourquoi devrions-nous être rivales pour de ridicules
histoires de clans ? Nous sommes des femmes avant tout. Des femmes à
l’esprit d’entreprise, qui plus est !
– Enfin un
discours sensé, intervint la tante Roseline. Je suis entièrement de votre avis,
très chère madame. Je rentrerais l’esprit tranquille sur Anima si je savais ma
nièce capable de se débrouiller par ses propres moyens. Quelle sorte d’art
pratiquez-vous ?
Le sourire de
Cunégonde s’élargit dans un glissement de lèvres rouges.
– Je tiens des
Imaginoirs. Des établissements d’illusions coquines, si vous préférez.
J’ai appelé les miens les Délices érotiques et, croyez-moi, je ne les destine
pas qu’à ces messieurs.
À la façon dont la
tante Roseline écarquilla les yeux, Ophélie sut que Cunégonde avait déjà cessé
d’être une « très chère madame ».
– Il n’y a que
deux catégories de femmes dans l’entourage de notre seigneur Farouk. Celles qui
cèdent leurs charmes et celles qui cèdent leurs services. Si vous ne participez
pas à son plaisir, vous ne survivrez pas longtemps ici. »
**
« – Coupure
au front, fracture du nez, deux molaires cassées et quelques muscles froissés,
énuméra-t-il sans lever le regard de son tri. Ne vous laissez pas impressionner
par le sang, ce n’est que le mien.
– Vous avez une
pharmacie ?
– J’en avais une.
Dernier tiroir du bureau.
Ophélie s’accroupit
sous la table, trouva un coffret de bois laqué et en déversa accidentellement
le contenu par terre. À sa grande surprise, il n’y avait là que des dés :
des dizaines, des centaines de petits dés. C’était la collection la plus
bizarre et la plus inutile qu’elle avait jamais vue. Elle finit par localiser le tiroir à
pharmacie derrière le fauteuil du bureau, guidée par l’odeur étourdissante
qu’il dégageait. Les flacons qu’il avait contenus étaient cassés. Dans l’espoir
de trouver un survivant, Ophélie farfouilla les débris avec précaution, mais
aucune bouteille n’était intacte et il n’y avait ni pansement, ni bandage, ni
compresse, ni sparadrap.
– Vous devez voir
un docteur, conclut-elle.
– Non, répondit
Thorn, je dois ranger ces documents. L’intendance rouvrira ses portes à huit
heures tapantes, pas une minute de plus.
Tandis que son écharpe
s’ébrouait frileusement sur ses épaules, Ophélie s’agenouilla sur le parquet,
en face de la silhouette arachnéenne de Thorn. Elle lui remit le paquet de
feuilles qu’elle avait ramassées en chemin.
– À votre guise.
Maintenant dites-moi : que s’est-il passé exactement ? Thorn examina
un fac-similé à la lumière d’une lampe, tandis qu’il répondait :
– Deux individus
masqués ont pénétré dans l’intendance par effraction, après avoir escaladé le
mur extérieur. Ils m’ont posé quelques questions auxquelles je n’ai évidemment
pas répondu, puis ils ont cherché ici ce qu’ils n’ont pas obtenu de moi. Mes
griffes abâtardies ne valent peut-être pas celles de ma famille paternelle,
mais, couplées à un pistolet, elles peuvent être dissuasives : ces
messieurs sont repartis bredouilles par la fenêtre. (Pour illustrer ses propos,
énoncés à la façon d’un procès-verbal, Thorn fouilla sa poche de chemise et
sortit un sachet de velours noir.) Un nez et un auriculaire, annonça-t-il en
secouant le sachet. Mes agresseurs seront désormais dotés de signes distinctifs
qui faciliteront une future enquête. »
A savoir
_ Le T3 est en cours de rédaction et pour
le moment, aucune info de publication n’a filtrée. Un T4 est également en
projet. La série est véritablement lancée :D