|
Auteur : Ruta
SEPETYS
Prix : 16.50E
Edition :
Gallimard jeunesse (coll : Scripto)
|
Résumé
Hiver 1945. Quatre adolescents. Quatre destinées.
Chacun né dans un pays différent.
Chacun traqué et hanté par sa propre guerre.
Parmi les milliers de réfugiés fuyant à pied vers la côte
devant l'avancée des troupes soviétiques, quatre adolescents sont réunis par le
destin pour affronter le froid, la faim, la peur, les bombes... Tous partagent un même but : embarquer sur le
Wilhem Gustloff, un énorme navire promesse de liberté...
Mon avis
Tout
d’abord, je tiens à adresser tous mes remerciements aux éditions Gallimard
jeunesse pour ce service de presse.
« Cette perle de roman envoûtant
implore de rester ds les mémoires », BOOKLIST
Je
remercie aussi ma libraire de m’avoir poussée ce livre, passer à côté serait
vraiment dommage ! C’est fort,
c’est émouvant, c’est passionnant. Ruta Sepetys met tout son cœur
dans ses œuvres et cela se sent. Loin d’être un énième livre sur la IIe Guerre
Mondiale qui met en scène avec force de mélodrame les pillages
d’œuvres d’art, des histoires d’amour tragiques, les abominations commises lors
de cette période, Ruta Sepetys mêle tout ces thèmes avec une virtuosité hors du commun grâce à ses
personnages. Sans compter qu’elle met au jour des évènements
malheureusement non traités de nos livres d’histoire mais tout aussi
affreux. En effet, on ne parle jamais des dégâts que l’armée rouge a causés sur
les sols libérés et par ce roman, Ruta Sepetys montre le prix de cette
libération.
JOANA
est une infirmière lettone qui fuit les pillages de l’armée rouge et mène avec
elle un petit groupe de réfugiés de diverses origines. FLORIAN, originaire de la Prusse-Orientale, est un combattant pour
le IIIe Reich mais qui le fuit autant que l’armée russe en emportant avec lui
un secret. Dans son errance, il sauve une jeune polonaise, EMILIA, sur le point de se faire violer par un soldat russe. Elle
aussi tente d’éviter les menaces russe et allemande : d’une part pour
échapper aux viols et aux goulags et d’autre part parce que le fait qu’elle
soit polonaise la rend « impure » aux yeux des nazis qui cherchent à
exterminer son peuple. N’ayant plus confiance qu’en son sauveur, elle suit
Florian comme son ombre et c’est ensemble qu’ils tombent sur le groupe de
Joana. Tous savent le Reich perdu et décident de fuir les russes en rejoignant
un port allemand qui promet de récupérer les passagers pour les emmener en Allemagne
du nord. Sur le Wilhelm Gustloff, se
trouve ALBERT, un soldat de moindre
importance qui rêve de gloire et d’héroïsme et ne jure que par le nazisme. Tous
ont leurs secrets et vivent avec le poids de la culpabilité tout en tentant de
survivre. Tous fuient les russes. Tous sont à bord de ce navire et vont devoir
collaborer.
Ce
roman, et c’est bien normal, est avant tout placé sous le thème
du sang et des larmes. Basé sur des témoignages de proches de sa
famille et des voyages dans de nombreux pays pour retracer l’itinéraire des
réfugiés, Ruta Sepetys nous montre une nouvelle image
de la IIe GM : le moment de la libération a été aussi affreux
que la guerre. Sepetys connaît bien son
sujet et cela se sent : elle est engagée à deux niveaux. D’une
part la famille de son père a été une victime de toutes les exactions de la
guerre, mais il y a aussi la volonté de donner une voix aux victimes. Cette
volonté nous implique réellement dans la lecture. Si les profs de collège
cherchent un livre pour un devoir de mémoire,
c’est celui-ci qu’il faut ! Il est très documenté
pour être réaliste et saisissant tout en accrochant
son lecteur par l’intrigue et la narration. La romance est très bien
traitée car elle n’est pas omniprésente, elle arrive à susciter la curiosité et
l’émotion tout en restant authentique et se distingue donc des autres livres
qui se servent de la guerre pour introduire du tragique. Nos personnages sont
assez jeunes, au maximum 21 ans, mais loin des préoccupations de leur âge, ils
cherchent à survivre et vivre avec les horreurs dont ils ont été victimes. Cette
fuite fait écho à des thèmes contemporains et montre le drame d’un exil forcé. Mais
ce n’est pas pour autant que le roman tombe dans le mélodrame, les
protagonistes accusent les coups et continuent leur route. L’attachement est
donc progressif mais une fois cela fait, il est très difficile
de se détacher de sa lecture ; l’envie d’entrer dans des scènes
et de les aider est irrésistible. Enfin… Tous sauf Albert qui est vraiment
glaçant par sa folie dû à son endoctrinement ; avoir son point de vue est
peu commun mais nécessaire pour prendre conscience des dangers de la
manipulation. Sans compter qu’il est le personnage le plus mystérieux avec
Florian mais si l’un a du charme, l’autre n’inspire que la répulsion. On
pourrait se dire que le drame sera omniprésent, mais les histoires
d’amour et d’amitié nous redonnent espoir : le vieux cordonnier
qui recueille un petit garçon, l’attirance de Florian et Joana, le courage d’Emilia…
L’auteure ne se contente pas de peindre le drame,
elle peint la vie de ces passagers avec leur lot de souffrance mais aussi de
joie et c’est ce qui fait la beauté et le réalisme de ce livre. Sepetys
réalise un tour de magie : elle écrit un livre lumineux plein d’Humanité pour
traiter des pires atrocités dont cette Humanité est capable.
En bref
Apprécié
|
Non-apprécié
|
-
L’auteure décrit l’horreur et le désespoir sans surenchère de pathos et les rend
ainsi encore plus effroyables et authentique
-
Un sujet
inédit : met au jour le prix de la libération et l’un des épisodes
de l’Histoire les plus meurtriers
-
L’alliance de l’héritage
paternel de l’auteure avec son
travail d’historienne pr écrire un livre richement documenté
-
Mélange des thèmes :
spoils d’œuvres d’art, drame et amour
-
Un thème
majeur d’actualité : l’exil contraint dû aux horreurs de la guerre
-
Construction
dynamique :
chapitres de 3 pages maximum et alternance régulière des points de vue
-
Public large : adolescents
et adultes seront touchés
|
Extrait
« Le
Wilhelm
Gustloff porte dans son ventre des êtres
conçus par la guerre. Ces âmes perdues s’y bousculent ds l’espoir que les
navire les rendra à la liberté. Mais quelqu’un s’en est-il rendu compte ?
On a baptisé ce navire Wilhelm Gustloff. C’est le nom d’un homme dont mon père m’avait parlé. Il a été le leader
du parti nazi en Suisse.
Et
on l’a assassiné. Le vaisseau est né de la mort »
A savoir
Dans la même veine, Ruta SEPETYS a aussi
écrit Ce qu’ils n’ont pas pu nous prendre
Une
nuit de juin 1941, Lina, quinze ans, sa mère, Elena et son petit frère,
Jonas, dix ans sont brutalement arrêtés par la police secrète soviétique. Au
bout d’un voyage épouvantable de six semaines, presque sans eau et sans
nourriture, entassés dans des wagons à bestiaux, ils débarquent au fin fond
de la Sibérie, dans un camp de travail soviétique. Logés dans des huttes,
sous alimentés, brutalisés, les déportés tentent de survivre et de garder
espoir.
Dans le kolkhoze, le travail de la terre est éreintant. Mais malgré la mort, la maladie, le froid, la faim et la terreur, Lina tient bon, soutenue par une mère exemplaire, son amour pour un jeune déporté de dix-sept ans, Andrius, et portée par sa volonté de témoigner au nom de tous et de transmettre un signe de vie à son père (condamné à mort dans un autre camp) grâce à son art du dessin et à l’écriture. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire