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Auteur : Alice RANUCCI
Prix : 16E
Edition : Hachette
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Résumé
Claudia a seize ans.
Issue d'une famille bourgeoise privilégiée, elle n'a jamais eu à manquer de
rien. Mais, de petite fille sage et introvertie, elle s'est transformée en une
jolie adolescente sûre de soi, arrogante, pleine de mépris envers le monde,
constamment en butte à l'autorité parentale. Sa mère, désespérée de la voir
sécher les cours et si pleine de hargne et de rancœur, l'envoie faire du
bénévolat dans un centre d'accueil pour jeunes immigrés. En vain. Quand Claudia
rentre un soir, après avoir déserté un certain temps la maison familiale, elle
s'attend à une scène, mais personne n'est là. Son père ne revient qu'au milieu
de la nuit, en larmes : sa mère a trouvé la mort dans un accident de voiture.
Petit à petit, coincée entre son père qui noie son chagrin dans l'alcool et
semble ne plus la voir, son propre deuil impossible, et son sentiment de
culpabilité, Claudia va prendre conscience de ses erreurs. Cette redécouverte
de soi est lente et douloureuse, mais va lui permettre de faire la paix avec
elle-même et son passé.
Mon avis
J’ai
été attirée par ce livre en raison du résumé qui permettait une comparaison
avec Hell de Lolita PILLE avec une héroïne cassante et cynique. Sans aller
aussi loin que PILLE, on peut effectivement comparer ces deux
livres : les auteures sont très jeunes et font plus un témoignage qu’une fiction par une narration quasi-orale. La narratrice
semble écrire ses pensée ce qui donne un style très oral : phrases courtes
mais percutantes. Et si la couverture et le résumé ne semblent pas très
originaux, c’est cette narration qui distingue un mélodrame New Adult d’une
véritable œuvre littéraire.
Claudia,
16 ans, ne pense qu’à boire, sortir et à Rodrigo. Les disputes entre sa mère et
elle sont donc nombreuses. Mais pour Rodrigo, elle est prête à tout, y compris
braver la colère de sa mère. C’est donc en la cherchant que celle-ci a un accident
de voiture et y laisse la vie. La mort de sa mère ouvre les yeux à
Claudia : ses amis sont fascistes et sa vie est vaine, il faut remédier à
cela. Elle décide alors de lui rendre hommage en terminant sa dernière
punition : être bénévole pour un foyer d’immigrés.
Les
thèmes traités sont donc forts et d’actualité :
la disparité des richesses, la pauvreté croissante, les immigrés de guerre ou
qui cherchent un Eldorado. On connaît malheureusement tout cela mais traité par
les infos. Le récit est moins impartial, on s’attache à ces victimes et petit à
petit on devient comme Claudia : d’indifférents
ou vaguement compatissants, on devient engagés et écœurés par le comportement
des autres. Ces autres sont les amis de Claudia et même si ils
exagérés, je trouve qu’ils représentent notre comportement : la bimbo, le
macho, les soumis, les méprisants… On a tous un peu de cette essence en nous et
Ranucci nous fait voir notre confort et notre chance. L’héroïne
n’est pas franchement attachante mais nous faire compatir à ses
malheurs n’est pas le but de l’auteure. Elle nous montre la puérilité et
l’idiotie de ses 15 ans. Son récit est un exutoire destiné à son père qui
augmente l’aspect autobiographique. Le récit est donc
plus authentique et touchant. Cependant, je dois avouer que j’ai
trouvé quelques longueurs dans la lecture bien que celle-ci soit vraiment
rapide. La base de l’intrigue est trop classique :
la fille rebelle dont le père se fiche, la mort de la mère, la repentance.
C’est du déjà-vu. Sans compter que la promesse d’une héroïne badass et le cynisme ne sont pas
franchement au rendez-vous. C’est un Hell
pour très jeunes adolescents qui aime se concentrer sur le changement d’une
héroïne. Je ne dirai pas que je suis fan car il n’y a pas assez de drame pour moi,
mais ça reste un bon livre pour voir d’un autre œil les problèmes de société.
En bref
Apprécié
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Non-apprécié
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Les thèmes
forts : immigration, pauvreté, disparités, montée du fascisme chez
les jeunes
-
L’écriture :
percutante et lecture rapide en moins de deux heures
-
L’aspect
autobiographique
qui rend l’écriture plus authentique et touchante
-
La comparaison
possible avec Hell de Lolita
PILLE
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La base de
l’intrigue trop classique : la mort de la mère, la fille
rebelle amoureuse du mauvais type
-
La promesse
d’une héroïne cassante
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Extrait
« Il
s’éloigna. Suivi par cinq cent paires d’yeux braqués sur lui, ardents, envieux.
-
Incroyable !
couina Giorgia. Tu te rends compte ? Giulio veut t’arranger un coup avec
Rodrigo !
Je
n’étais pas sourde, j’avais entendu. Mais certaines personnes aiment faire
l’écho et résonner ds la tête des autres.
-
Laisse
tomber, répliquais-je avec une indifférence feinte. Mais je ne parvins pas à
réprimer un ricanement supérieur et satisfait.
J’étais
désormais plus forte qu’eux. Et quelle satisfaction ressent-t-on à être la plus
forte ds un monde où c’est la seule chose qui compte vraiment ? Eh bien,
une satisfaction infinie. »
A savoir
Voici ma chronique sur Hell de Lolita PILLE qui va plus loin
dans le cynisme de l’héroïne et le drame : http://lecturesdunenuit.blogspot.fr/2014/06/hell.html
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