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Auteur :
Veronica ROTH
Prix : 18E
Edition :
Nathan
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Résumé
Dans
une galaxie dominée par une fédération de neuf planètes, certains êtres
possèdent un “don”, un pouvoir unique. Akos, de la pacifique nation de Thuvhé,
et Cyra, soeur du tyran qui gouverne les Shotet, sont de ceux-là. Mais leurs
dons les rendent, eux plus que tout autre, à la fois puissants et vulnérables.
Tout
dans leurs origines les oppose. Les obstacles entre leurs peuples, entre leurs
familles, sont dangereux et insurmontables. Pourtant, pour survivre, ils
doivent s’aider – ou décider de se détruire.
Mon avis
Tout
d’abord, je tiens à adresser tous mes remerciements aux éditions Nathan pour ce
service de presse.
Ah
Veronica ROTH ! A jamais dans mon cœur avec sa série Divergent et sa fin. Aussi, il était normal que je me précipite sur
son nouveau petit bébé qui est tout aussi génial que Divergent mais dans un registre assez différent. Ne me demandez pas
quelle série j’ai préféré, je ne saurai pas le dire. Nous sommes toujours dans
un futur dystopique où le continent est divisé en 4 peuples dont 2 sont
des antithèses : les Shotet et les Thuvhé.
Cyra est la princesse du royaume de Shotet
et représente bien ce peuple guerrier qui écrase les 3 autres autres nations du
continent mais tous deux sont dominés par Ryzeck. Sous ses ordres, Cyra est une
arme redoutable grâce à son don qui lui permet de faire souffrir la personne
qu’elle touche. Pourtant malgré sa toute puissance, Ryzeck craint lui
aussi quelque chose : une prophétie selon laquelle un fils Kereseth le
tuerait. Aussi, il a décidé de contrer le destin et de kidnapper les enfants de
cette famille.
Selon les oracles, le destin d’Akos
Kereseth est de mourir en servant son ennemi. Kidnappé par Ryzeck et résigné à
son sort, il est entrainé à devenir un soldat shotet mais la manifestation
de son sort le fait entrer au service de Cyra. En neutralisant les dons, il la
soulage des douleurs dont elle est constamment victime. Mais Akos n’a jamais
oublié son pays, sa famille laissée à Thuvhé et le danger que court son frère
en restant si près de Ryzeck, gagnés par la folie. Il est l’heure d’agir pour
Akos, peu importe ses sentiments ou son destin.
Avec
ce long résumé, ceux qui ont lu Divergent
reconnaitront des éléments phare : la notion de destinée, les peuples
divisés en grandes catégories, une héroïne guerrière, des relations
frères/sœurs difficiles… Il y en a également d’autres que l’on redécouvre avec
plaisir au fil de la lecture et qui sont plus subtils : la volonté de marquer
sa peau, les relations houleuses ou fusionnelles entre une mère et son enfant,
une révolte menée contre un système… ROTH maîtrise tous ces thèmes et a
bien raison de les exploiter au maximum. Se rajoute quand même des petits
éléments très spécifiques à Marquer les
Ombres.
Tout d’abord, l’ambiance du roman est issue de la science-fiction mais elle
ressemble à s’y méprendre à celle d’un roman historique avec les clans qui
tournent autour de Ryzeck pour le séduire, les manigances, les trahisons et les
intimidations incessantes. Il incarne le mauvais roi terrifié par la mort et
qui ne sait que prendre des décisions cruelles et injustes créant ainsi une
tension et une révolte qui doit se cacher. Cyra doit évoluer dans cet
environnement et a dû apprendre à se montrer aussi implacable qu’un glaçon pour
se faire respecter au milieu de ces serpents. Autre atout vis-à-vis de Divergent, c’est l’inversion des
rôles : Akos est assez inoffensif et plein d’illusions en arrivant au
service de Cyra mais avec son aide, il arrive à se rendre aussi combatif que la
princesse qu'il doit aider. On a donc un certain héritage du roman de
chevalerie mais il est détourné : Cyra n’est pas la princesse sans défense
et c’est elle qui est une aide indispensable à la quête d’Akos. Et au moins,
elle est bien moins énervante que Tris : elle sait ce qu’elle veut, accepte
son destin et fait preuve d’abnégation pour s’imposer. On sent que l’auteure a
mûri et cela se ressent dans son écriture, les thèmes qu’elle aborde et
l’évolution de son héroïne. Alors oui, l’ambiance est réussie, l’histoire
d’amour touchante, les héros admirables mais là où le roman acquiert sa
profondeur c’est en posant continuellement la question de la destinée. Y-a-t-il
vraiment un destin qui orchestre la vie de nos protagonistes ? J’espère que le T2 sera là pour y
répondre ;)
En bref
Apprécié
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Non-apprécié
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Ambiance divisée entre un héritage historique fait
de complots et de SF avec un univers inventé
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Des personnages bien travaillés et attachants qui
personnalisent l’intrigue
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La réactualisation du roman de chevalerie
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L’interrogation sur les prophéties
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Extrait
« Le
lendemain, je me réveillai lorsque le calmant cessa d’agir, juste après le
lever du soleil, alors que la lumière était encore pâle. Je sortis du lit comme
je le faisais toujours, par à-coups, en m’arrêtant pour reprendre mon souffle
telle une vieille femme. J’enfilai ma tenue d’entraînement, en tissu
synthétique de Tepes, léger et flottant. Personne ne savait conserver la
fraîcheur du corps comme les Tepesit, dont la planète était si brûlante que nul
n’en avait jamais foulé le sol pieds nus. Je tressai mes cheveux le front
appuyé contre un mur de ma chambre, les yeux fermés, en tâtonnant pour saisir
chaque mèche. Je ne brossais plus mes épais cheveux bruns, du moins plus comme
lorsque j’étais enfant, méticuleusement, dans l’espoir que la brosse les amadouerait
pour former des boucles parfaites. La douleur m’avait volé ces petits plaisirs.
Quand j’eus fini, je pris une petite lame-flux – éteinte, pour éviter
que les vrilles noires du flux ne s’enroulent autour du métal affûté –, et
me rendis dans le petit cabinet d’apothicaire au bout du couloir, là où Akos
avait installé son lit. Je me penchai sur lui et appuyai la lame sur sa gorge.
Ses
yeux s’ouvrirent, puis s’agrandirent. Il se débattit, avant de s’immobiliser
lorsque j’augmentai la pression sur sa peau. Je lui décochai un sourire
goguenard.
– Vous êtes folle ? me dit-il d’une
voix encore enrouée par le sommeil.
– Bien
sûr ! répondis-je gaiement. Tu as dû entendre les rumeurs ! Mais j’ai
une autre question, plus importante : Toi, es-tu fou ? Tu es là, à
dormir à poings fermés sans même avoir pris soin de te barricader, alors que
l’un de tes ennemis loge au bout du couloir ? Si ce n’est pas de la folie,
c’est de la bêtise. Je te laisse choisir. Il plia vivement la jambe pour me
frapper le flanc. Je parai avec le coude et pointai la lame sur son ventre.
– Tu
avais déjà perdu avant de te réveiller, signalai-je. Première leçon : le
meilleur moyen de gagner un combat est de l’éviter. Si ton ennemi a le sommeil
lourd, tranche-lui la gorge pendant qu’il dort. S’il a bon cœur, fais appel à
sa compassion. S’il a soif, verse du poison dans son verre. Tu me suis ?
– En
résumé, jette ton honneur par la fenêtre.
– Ah,
l’honneur, ricanai-je. Celui qui veut survivre doit oublier l’honneur.
Cette
citation, extraite d’un livre ogran – traduit en shotet, bien
sûr ; personne ne lisait l’ogran –, parut chasser toute trace de
sommeil de son regard plus efficacement que ne l’avait fait mon attaque.
– Maintenant, lève-toi. Je me redressai,
glissai la lame dans ma ceinture et quittai la pièce pour le laisser se changer. »
A savoir
Armons-nous de patience pour la sortie du tome 2 : pas de titre,
date ou résumé en anglais…
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