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Auteur : Patrick
BARD
Prix : 15E
Edition :
Syros
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Résumé
Maëlle s'est radicalisée en quelques mois sur les réseaux sociaux. Un jour, elle a quitté Le Mans pour rejoindre Raqqa, en Syrie. Pourtant, quelques mois plus tard, elle est de retour en France, enceinte et ne répondant plus qu’au prénom d’Ayat. Elle est rentrée pour le bébé et parce qu’elle avait peur, mais l’idéologie de Daesh continu d’imprégner son existence. Autour d’elle, tous ceux qui l’ont connue, l’ont vu changée ou ont partagé son quotidien en Syrie témoignent et offrent un nouvel éclairage sur l’histoire de Maëlle/Ayat.
Mon avis
Avec
ces récits de plus en plus nombreux, il était temps que je me lance dans la
lecture d’un de ces livres. Oui, le sujet n’est pas joyeux ; oui, c’est totalement
fou ; oui, ça nous choque. Mais vous savez quoi ? On a besoin de ce coup de pied aux fesses.
Et Bard a bien compris comment s’y prendre.
Maëlle
a 16 ans et mène une vie ordinaire : mecs, soirées, disputes avec sa mère.
Tout ça, elle gère. Et puis, un jour, elle aime une page facebook. Ce que
Maëlle ne sait pas, c’est qu’elle met le doigt sur une pieuvre qui la happe. La
propagande DAESH est si forte qu’elle part en Syrie. On
lui a promis le Paradis et elle découvre l’Enfer sur terre.
Comment
est-elle devenue Ayat ? Pourquoi a-t-elle adhéré à une organisation
terroriste qui lui est totalement étrangère ? Comment se passe le retour
de ces jeunes embrigadés ? Autant de questions que le livre aborde. Patrick
Bard donne à son récit des allures de
témoignages avec la polyphonie sur le départ en Syrie puis son
retour. Chaque chapitre donne la parole à un personnage : Maëlle, sa
famille, son prof, son petit-ami, son futur mari de DAESH, son amie radicalisée
et restée en Syrie… Tour à tour, P. Bard nous dresse le
portrait d’une ado ordinaire, passée de l’athéisme au radicalisme par le biais
de facebook, une jeune-fille que l’on a convaincu qu’elle allait sauvait le
monde. N’attendait pas de réel
récit avec une histoire chronologique : les personnages ne sont
pas décrits et certains évènements restent flous. Cela aurait pu me déranger,
mais l’auteur fait en sorte que l’on soit véritablement happé
par le récit, si bien que l’on s’en fiche. Les thèmes que l’on
connaît bien sont abordés mais sous un nouvel angle et d’autres plus inconnus
sont développés pour changer notre regard tout en nous prévenant. Radicalisation
par Facebook, conditions de vie des femmes sous DAESH, le problème des retours
des embrigadés… L’auteur supprime aussi tout pathos
pour ne pas tomber dans le mauvais mélodrame et préfère nous laisser nous
forger notre avis. La folie DAESH est si
bien retranscrite que l’on est gagné par
l’horreur devant tant de paranoïa et de lavage de cerveau. On est pétrifiés
car nous sommes aussi impuissants que les parents de Maëlle en se disant qu’on
aurait pu dire les mêmes choses qu’eux. On ne lit pas ce
livre pour se détendre mais pour s’informer. Le livre nous prévient
des moyens de propagande de DAESH tout en nous montrant parfaitement où cela
mène, nous laissant glacés par l’effroi.
En bref
Apprécié
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Non-apprécié
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Style
documentaire :
pas de pathos, neutralité de l’auteur, effet de réel augmenté
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Points de vue
qui se multiplient
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Les sentiments
suscités :
horreur, compassion, interrogations
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Extrait
« Je
suis veuve, deux fois veuve, et je n’ai que seize ans. Mon premier mari a été
pulvérisé par une roquette avant que j’aie eu le temps de le rencontrer. Ils
ont tué le second quand nous avons fui la Syrie ensemble. »
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