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Mon avis
Je
vous avais déjà parlé du T1 de l’œuvre de Maurice Druon ( http://lecturesdunenuit.blogspot.fr/2014/12/les-rois-maudits-t1-le-roi-de-fer.html
) et je vous avais laissé entendre que je continuerai la série. C’est chose faite
après cet achat du T2, bien plus court que le 1 mais tout aussi intense.
Alors
que je ne m’attendais pas à revoir Marguerite et Blanche, j’ai eu la bonne
surprise de découvrir qu’elles étaient toujours au centre de l’œuvre. La
narration commence donc en nous les montrant dans leur prison, dans un état
lamentable et au bord de la folie. Pourquoi continuer à nous montrer deux
pauvres femmes adultérines enfermées à vie ? Parce que Philippe le Bel
(leur beau-père) est mort. Vous connaissez tous la formule de sacrement
typiquement francaise : « le roi est mort, vive le roi ». Et
oui, Louis X a succédé à son père et Marguerite devient reine de France. Une
reine qui a humilié son mari en public en le trompant avec son écuyer et qui
est désormais en prison… Voilà qui ne simplifie pas les affaires de Louis X,
véritable imbécile de son état. Déjà contesté pour ses capacités à régner, il
est en plus sali par la réputation de sa femme et il veut à tout prix obtenir
une annulation de mariage. Mais Marguerite rêve encore de sortir de sa prison
et refuse de l’aider dans les démarches nécessaires. Pour ceux qui connaissent
les Tudors, vous savez bien que l’annulation de mariage est longue et couteuse
au souverain sans l’aide de la femme. C’est là que tout se lie : l’oncle
de Louis, Charles de Valois, attendait la mort de son frère depuis qu’il était
jeune et il ne compte pas se faire voler le trône par ce jeune idiot obsédé par
son orgueil. Quant au cousin de Louis, Robert d’Artois, il voit l’occasion
d’obtenir les faveurs du nouveau roi et de se venger de sa tante Mahaut. Robert et Charles s’allient donc pour obtenir cette annulation.
Mais il y a toujours quelqu’un pour mettre les bâtons dans les roues à cette
entreprise et qui souhaite maintenir sa main mise sur le pouvoir. Enguerrand de Marigny représente la petite noblesse mise au pouvoir
par Philippe le Bel et qui a obtenu leur richesse par le travail mais désormais menacés directement par les aux hauts aristocrates qui siègent de
droit auprès du roi et contre qui Valois a une dent particulière. La course à l’annulation est donc lancée et chaque partie
fait ce qu’elle peut pour contrer l’autre. Mais, comme toujours, il n’y aura
qu’un seul vainqueur…
J’ai
eu plaisir de retrouver celles que j’appelle les « princesses captives »
car elles me sont les plus sympathiques, surtout Marguerite que j’admire pour
sa force de caractère. Ma plus grande déception a été de ne pas retrouver
Isabelle de France, fille de Philippe le Bel et mariée à un Plantagenet. Comme
Marguerite, elle est dotée d’une force de caractère implacable et représente à
merveille la malédiction qui touche la femme durant le Moyen-âge :
consciente de ses capacités de souveraine mais limitée par son état de
naissance. L’ironie est toujours aussi présente que dans le tome 1 et il y avait des passages où
l’envie de rire me prenait à la gorge tant Louis était naïf, bête et, disons-le, inapte à régner. Les seuls passages qui m’ont parus un peu longs sont ceux
qui traitent de Gucio et Marie car l’amour courtois n’est pas tellement mon
truc. Heureusement, ces passages sont peu nombreux et l’histoire tourne
principalement autour des « princesses captives » et de la course à
l’annulation. Autre aspect que j’ai apprécié : pouvoir faire un
rapprochement entre Henri VIII et Louis X, comme quoi les choses ne changent
vraiment jamais… Bien que je n’aie pas fait suivre ma lecture du T2
immédiatement après le T1, je n’ai pas
été perdue car Maurice Druon fait en sorte que les choses soient claires tout
en s’appuyant sur des fondements historiques. Je crois que c’est en cela que
repose la force de son écriture : la capacité à raconter de manière
passionnante et avec une écriture simple une intrigue véridique complexe.
Extrait
« Depuis le début de sa captivité, elle n’avait pas versé
une seule larme, ni exprimé non plus une seule pensée de remords. Le chapelain,
qui la confessait chaque semaine, était effrayé de la dureté de cette âme.
Pas un moment Marguerite n’avait consenti à se reconnaitre
responsable de son malheur ; pas un moment elle n’avait admis que,
lorsqu’on est petite fille de Saint Louis, fille du duc de Bourgogne, reine de
Navarre et future reine de France, se faire la maitresse d’un écuyer
constituait un jeu périlleux, répréhensible, qui pouvait coûter l’honneur et la
liberté. Elle s’était fait justice d’avoir été mariée à un homme qu’elle
n’aimait point.
Elle ne se reprochait pas d’’avoir joué ; elle haïssait ses
adversaires ; c’était uniquement contre eux que se tournaient ses inutiles
colères, contre sa belle-sœur d’Angleterre qui l’avait dénoncée, contre sa
famille de Bourgogne qui ne l’avait point défendue, contre le royaume et ses
lois, contre l’Eglise et ses commandements. Et quand elle rêvait de liberté,
elle rêvait aussitôt de vengeance. »
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