Auteur : Lucie Pierrat-Pajot
Prix : 16E
Edition : Gallimard jeunesse
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Résumé
Larispem 1899 - Dans
cette Cité-Etat indépendante où les bouchers constituent la caste forte d’un
régime populiste, trois destins se croisent… Liberté, la mécanicienne hors
pair, Carmine, l’apprentie louchébem et Nathanaël, l’orphelin au passé
mystérieux. Tandis que de grandes festivités se préparent pour célébrer le
nouveau siècle, l’ombre d’une société secrète vient planer sur la ville.
Et si les Frères de
Sang revenaient pour mettre leur terrible vengeance à exécution ?
Mon avis
Tout
d’abord, je tiens à adresser un grand merci aux éditions Gallimard Jeunesse
pour leur service de presse.
Toutes mes félicitations à Lucie Pierrat-Pajot,
2eme lauréate du prestigieux concours RTL/Gallimard.
Sur 800 manuscrits, voici celle qui succède à Christelle Dabos et qui remporte haut la main un double défi : être publiée
dans l’une des plus grandes maisons d’édition et faire suite à notre
merveilleuse Passe-Miroir.
1871 :
la Commune de Paris divise la France et la capitale. Les barricades sont
hérissées, les peuples exaltés et le gouvernement sur le point de tomber. Dans
nos livres d’histoire, on sait comment la révolution a réprimée. Mais imaginez,
imaginez que ce soit le peuple qui ait gagné…
Carmine est une apprentie bouchère,
autant dire la caste dominante de Larispem, et pourtant, en compagnie de Liberté,
elle se retrouve à cambrioler de vieilles maisons de nobles. De l’autre côté de
la ville, se trouve l’orphelinat que Nathanaël n’a jamais quitté jusqu’au jour
où il fait la connaissance de Valentine. A partir de là, il met les doigts dans
un engrenage qui l’emporte bien malgré lui loin de sa sphère de confort, vers une
quête de vengeance qui lui est étrangère.
Il est très difficile de résumer ce
livre sans spoiler tout en essayant de vous démontrer son intérêt. Plus que
jamais, il souhaite planter le décor, les personnages et l’action dans la drôle
de métamorphose que subit la ville lumières : un Paris dominé par
des bouchers, pas très glamour. Je ne pensais pas accrocher si
vite mais dès la 1ere ligne, me voilà emportée. Rien n’est
stéréotypé dans ce livre, voilà un vrai roman jeunesse ! Le
Paris de la fin du XIXe est divisé,
comme toujours dans ce siècle mouvementé, entre les aristocrates et le peuple
mais cette fois-ci, les nobles écrasés sont prêts pour la
revanche. Aussi, contrairement aux intrigues habituelles, nos héros
ne se rencontrent jamais et ne poursuivent pas le même but. Les quêtes de nos
protagonistes sont chacune orientées dans une direction différente. Les uns sont voleurs, les autres sont
occupés à chercher un livre mais aucun des deux ne comprend totalement ce qu’il
lui arrive. Les conflits politiques
ne sont pas ce qui prédomine, chacun étant préoccupé par ses
problèmes : Carmine et son frère, Liberté et son emploi d’apprentie et
Nathanaël et sa mystérieuse maladie. Les changements
de point de vue et le mélange des
genres (steampunk, conflit historique tendant à devenir une dystopie et
d’aventure) sont très appréciables. Cela nous change des habituelles intrigues
amoureuses ! Sans compter que le tout est narré avec précision et délicatesse tout en restant réaliste :
les rues, l’argot, la population... Lucie Pierrat-Pajot a su donner vie à ce bon vieux Paris. On entre dans
l’intrigue tout doucement et on se laisse bercer par les épreuves de nos héros
où la romance est très minoritaire ; la survie du quotidien
est le thème majeur du roman. La fin sait aussi nous laisser sur notre faim et
promet d’être encore plus envoutante que le T1, si ce n’est plus car l’intrigue
est véritablement lancée ! Les intrigues politiques vont être développées
en parallèle d’un défi lancé à la population très original. Je dois à ce livre
une découverte littéraire que le T2 va plus développer : Le Testament d’un excentrique de Jules
Verne qui narre un jeu de l’oie géant dans une ville. A lire !
En bref
Apprécié
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Non-apprécié
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Le mélange
des genres : réalisme, steampunk, science-fiction, histoire,
dystopie
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La nouveauté
de l’intrigue et du décor : Paris mi dystopique, mi steapunk où se croisent nobles déchus et bouchers victorieux
-
Des personnages
en marge de nos valeurs : apprentie, orphelin, bouchère
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Tendance au huis-clos dans la grande ville :
manque de personnages secondaires
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Extrait
« Carmine
courut à la fenêtre et se pencha autant qu’elle put pour absorber une grande
goulée d’air frais. Dans la chambre abandonnée, la fumée blanche se dissipa
vite, balayée par les courants d’air.
Liberté
tremblait comme une feuille. Son amie l’aida à se relever.
–
Il faut partir ! cria-t-elle pour couvrir le bruit des sirènes. La milice de
quartier va arriver !
Liberté
inspira et expira profondément, terrifiée à l’idée de sentir une douleur
soudaine dans ses poumons, mais rien de tel ne se produisit. Ses côtes se
soulevaient et s’abaissaient normalement. Quoi qu’aient contenu les billes de
verre, ça ne semblait pas toxique.
Carmine
se précipita dans l’espace ouvert derrière la bibliothèque. Pas question
d’être venues pour rien. Elle ramassa au hasard quelques objets – une croix en
or, deux ou trois bijoux dans un coffret – et les fourra dans sa sacoche. Un
éclat au pied de l’automate, dont la sirène faiblissait déjà, attira son
attention : la tranche dorée du livre. Les bras encombrés par son
butin, elle le désigna du menton à son amie.
– Vite ! Prends le bouquin, on s’en va.
Liberté
se leva péniblement. Son esprit était embrouillé, comme un rêve qui s’effiloche
au fur et à mesure qu’on essaie de s’en souvenir. Il y avait eu un homme blond,
un homme qui… qui pleurait ? Quelque chose comme ça. Où était-il passé ? Elle
ramassa le livre. Carmine l’entraîna en bas de l’escalier et elles
retraversèrent le jardin à toute allure tandis que les lumières s’allumaient
dans les maisons des alentours. Lorsque la milice de quartier réussit enfin à
se frayer un passage jusqu’aux ruines, elle ne trouva rien d’autre qu’un petit
luxomaton au ressort détendu, abandonné dans le hall de la bâtisse, et une cape
noire, clouée au mur de l’une des chambres par un couteau effilé. »
A savoir
Pas de date pour le T2,
il est encore trop tôt, en revanche, il y a une petite présentation. Attention
aux SPOILERS !
Dans
l’épisode suivant, assistez à un grand jeu de l’Oie au cœur de Larispem. Quels
périls attendent Liberté, Carmine et Nathanaël à travers les 20 arrondissements
de la cité ? Des catacombes aux eaux troubles de la Seine, des abattoirs
aux cimetières, découvrez Larispem comme vous ne l’avez jamais lu ! Aux
prises avec de féroces adversaires, menacés par l’ombre maléfique des Frères du
Sang, survivre ne sera pas aisé pour nos trois amis.
La
comtesse Vérité retrouvera-t-elle le livre de Louis d’Ombreville ?
La
Présidente et son Conseil prendront-ils les bonnes décisions pour préserver la
cité ?
Nathanaël,
Carmine et Liberté sauront-ils s’unir contre l’adversaire ?
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